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L’intelligence est violente

thinking forbiddenLes « zèbres », surnom affectueux donné aux personnes dites  (bien à tort) « surdouées », « précoces » , « doté d’aptitudes particulières »  sont si différents des autres animaux de nos savanes urbaines et organisationnelles que leur différence leur revient souvent comme un boomerang  à la figure …

Pour ceux qui en ignoreraient l’existence et le fonctionnement, je vous renvoie à un autre article de ce blog « Surdoués – HP – HQI : Drôles de Zèbres en entreprise : le gâchis »

Pas plus tard qu’hier, il m’a été retourné par exemple que, participant à ce genre de rencontre,  « je ne pouvais pas m’empêcher d’interpeller un intervenant ou conférencier après son intervention ».  C’est tout à fait exact : Mais comment faire autrement pour débattre avec lui sur tel ou tel point  ? …

Cette remarque m’a fait penser à ce petit texte de mon collègue et ami Michel-Thierry Dupont, Coach-Consultant en Pays de Loire …   Je vous le partage ici (avec son aimable autorisation) car je le trouve fort bien vu et bien tourné !

Et comme « je ne peux pas m’en empêcher », bien que conservant ici le mot « précoces » , qu’il a employé, je vous suggère, au fil de votre lecture, de le remplacer par « zèbres » , petit nom affectueux et un peu « communautariste »  , ou mieux , par « HP ».

(J’utilise « HP » plutôt que « zèbre »  quand l’espace d’expression suppose un vocabulaire moins familier : « HP » , non pas pour « Hôpital psychiatrique », ni même « Haut potentiel » ,  mais pour « hyper-psychique », (ou « hypertonique psychique », car c’est bien d’hyper activation permanente de toutes les fonctions psychiques dont ils sont encombrés  :  Et il ne peut s’agir de « précocité » , puisque ce fonctionnement sera le leur  tout au long de leur existence : Avouez que parler de sexagénaires, voire d’octogénaires  « précoces » ne vous fera pas penser à leur mode d’intelligence, mais à un autre type de fonctionnement ! 🙂

Sur les « précoces ».

(De Michel-Thierry Dupont)

Les précoces sont en situation de vulnérabilité car l’intelligence est violente.

 Le précoce ne peut s’empêcher d’exprimer un jugement sur un comportement organisationnel, un raisonnement, une vérité acceptée et non remise en cause. S’il ne s’exprime pas, il souffre.

Ce qu’il pense est tellement évident ; pourquoi les autres ne l’ont-ils pas compris ? Pourquoi est-il incompris ?

 Son manque d’assertivité est vécue comme une frustration douloureuse, un voyage en Absurdie, l’enfermement dans une boîte à bêtises.

 Son hypersensibilité l’empêche de mettre un frein à sa langue ; sa jeunesse dans sa foi l’empêche souvent de faire confiance à l’Esprit saint pour avoir le dernier mot lorsqu’il n’est pas entendu.

La fulgurance de ses traits, et hélas la brièveté ou l’étrangeté de ses explications, ne sont pas perçus par son entourage pour qui son discours est brouillé et inaudible.

 L’intelligence est violente.

 Elle tue d’un trait et humilie ceux qui « avaient l’habitude de » ou qui construisent lentement. Elle sépare le précoce, messager à tuer puisque son message remet trop en cause l’existant et nous jette dans un incertain anxiogène.

 Pour survivre en organisation, il lui faut un protecteur sans faille, un mentor au pouvoir indiscutable qui sait lui conseiller la prudence et le silence aux bons moments.

 Souvent naïf sur les jeux humains trompeurs, il va dévoiler d’un trait le conflit dont le spectacle est le paravent, se créant des ennemis jurés en une seule de ses phrases.

 Généralement opérationnel dans des activités de conseil (staff et on line), il peut y survivre avec un « client » interne ou externe de ses conseils qui le protège suffisamment des réactions citées plus haut.

 Ces remarques sur la résilience (ou leur manque !) des précoces en organisation sont particulièrement vraies pour les intelligences de type platonicien (intuitions fortes qui éclairent tout en une seule fulgurance (Exemples Nietzsche, Platon, Berdiaev) face aux intelligences de type Aristotélicien (classement et examen de toutes les parties chacune à leur tout. Exemples St Thomas d’Aquin, Kant) plus laborieuses et plus conservatrices.

M-T Dupont.

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Bien vu et bien dit, n’est ce pas ?

Et, puisque je ne vois pas pourquoi je ne resterai pas fidèle à moi-même, voici quelques enrichissements : Réflexions complémentaires histoire d’alimenter les vôtres …

J’imagine ce billet écrit sous le coup d’une « énième » frustration du type qu’il décrit : Tous les zèbres ont cette expérience de la souffrance de ne pas dire, et celle d’avoir dit !

A travers le partage de sa parole, le zèbre voit l’occasion d’un échange, d’un débat, d’un enrichissement, d’une amélioration possible…  Pour lui, son jugement est réflexion, pensée, pesée du « pour et du contre »…   La balance de la justice, qui pèse, juge , et décide,  est inhérente à sa construction mentale ! Mais, s’il se montre critique, c’est aussi dans le sens d’une construction vers un « mieux » qu’il perçoit possible, grâce à l’alchimie de ses connaissances , de ses intuitions, et de ses interconnexions neuronales suractivées.    Le jugement du zèbre est plus souvent une pensée qui pèse et qui propose, plutôt  qu’un jugement qui condamne.

Mais  la parole du zèbre, dès qu’il s’agit d’analyse, d’accompagnement, de régulation de projet (et même parfois quand il s’agit d’Amour)  est assez souvent vue comme « froide » , analytique, et perçue   par le non-zèbre comme une critique, un reproche :

Dès lors, comment voulez-vous que les uns et les autres se comprennent ?  Ce d’autant plus si le zèbre, échaudé par la répétition de ce genre d’expériences, finit par préférer le retrait et le silence : On se demande d’ailleurs si ce n’est pas la position que les non zèbres préfèrent lui attribuer !

Tous les auteurs et spécialistes de la question montrent comment les spécificités du fonctionnement psychique des zèbres sont sources de décalage, eux-mêmes générateurs des difficultés de compréhension mutuelle, et donc de relation et d’intégration sociale et professionnelle délicates.

Personnellement, leur appliquant quelques grilles de lecture que j’affectionne (les dynamiques de l’ego, et les vagues de développement de « la spirale dynamique ») j’ajouterai  d’autres aspects :

1- Chez les zèbres, l’équilibre général des neuf dynamiques de la personnalité  (source des neufs dynamiques de l’ego , dans leur versant positif , et dans leurs pièges), est majoritairement influencé par les besoins de compréhension et de réalisation, (avec les aspects positifs et les pièges qui en découlent).

Ce besoin de réalisation passe par le besoin d’expression. Mais, il est plutôt sous l’influence de « L’Essence » et de ses « élans » (« les dynamiques motrices de l’Essence ») que sous celle de l’ego  : Ce besoin d’expression n’est pas au service du besoin d’identité ou celui de puissance, qui appartiennent aux dynamiques de l’ego,   mais à celui  des élans du partage, de la participation à la construction d’un « mieux  » et « meilleur », qui appartiennent à l’Essence.

La souffrance du zèbre est terrible et douloureuse, car il n’est pas touché dans son ego, mais dans son Essence, le fond de son Être,  son « âme » …

Et si le besoin de reconnaissance n’a pas été suffisamment nourri par les circonstances de son existence,  l’ego est lui aussi en souffrance …

En écrivant ceci, je vois une nouvelle interprétation possible des rayures du zèbre : Noir pour l’ego, (la psyché) blanc pour l’Essence … (l’Esprit, ou l’âme, selon votre culture spirituelle de référence)

2- Ce « câblage » entre l’ego et « l’Essence » (le « Soi » de Jung, l’âme ou l’Esprit chez d’autres) amplifie aussi les décalages…  les fonctionnements neurophysiologiques de leur cerveau les prédispose non seulement à se poser les questions « intellectuelles »  liées aux valeurs, aux domaines de « l’Essence » (éthique, mystique, spiritualité, énergétique …), mais aussi à ressentir , à »intuiter » , et à vivre des expériences intérieures appartenant à des registres dits « irrationnels » …   

3- Les zèbres me semblent d’excellents candidats au « second palier de la spirale dynamique » : l’ensemble des fonctions psychiques étant hyper-activées,les zèbres auront  plus vite et plus loin parcouru les diverses lignes de développement , et plusieurs niveaux au sein de ces lignes…

De ce fait, selon le code couleur de la spirale dynamique ce sont des « jaunes » en puissance  (voire des « turquoises ») : mais comme M. Jourdain, ce sont des jaunes sans le savoir … Et un jaune qui s’ignore est souvent un jaune perdu au milieu d’un palier qui n’est pas le sien !

Arrivé à cet endroit, je me dis que ces trois aspects, donnés sans développer les outils et concepts auxquels ils appartiennent, auront plongés quelques lecteurs dans le questionnement, voire la perplexité … ou pire, j’aurai réveillé chez d’autres les « résistances à l’abstraction et  à la complexité », et les effets de rejet décrits dans ce post.

Pour ceux dont ce serait plutôt la curiosité d’en savoir plus sur ces différents concepts qui serait éveillée, il va vraiment falloir que je l’écrive ce bouquin  !

D’ici  là, mes sites web donneront aux plus pressés les éléments utiles pour envisager toute conférence, séminaire, intervention que vous souhaiterez organiser … (voir dans la marge de ce blog)

(Ben oui, c’est de la pub…   Faut bien vivre !)

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