Aspirant à la paix dans la savane entière,
Un zèbre un peu spécial se fit ami des gnous.
Sa quête d’idéal lui laissait malgré tout
L’idée que mieux valait choisir le bon compère …
« Ami zèbre, dit un gnou,
Change un peu tes rayures, elles sont trop compliquées …
Ce serait plus facile si tu étais des miens,
Je te reconnaitrais, je crois,
Un peu plus facilement ! »
À force d’entendre ça,
– de multiples côtés-
et soucieux d’harmonie pour adoucir les gNous
Il emprunta des ânes la robe simplifiée …
« Y ’ en a qui ont essayé … c’est peut-être pas sorcier »
Pensait-il tout d’abord …
(Zebrânes)
… Jusqu’à s’apercevoir
Qu’en agissant ainsi il n’était pas plus proche
Ni des gnous, ni des ânes, ni des zèbres amis …
Regrettant ses rayures, il partit solitaire,
s’abreuvant seul, la nuit, fuyant les quolibets …
Il préféra se taire que changer son programme,
cherchant au bord des mares la source de son âme …
Eloigné du soleil, son humeur s’assombrit, et son pelage aussi …
Avantage malgré tout, la noirceur de son dos
Avait quelques atouts, et lui sauvait la peau :
Des prédateurs nocturnes, il évitait les crocs !
Sauvant sa vie sans doute, il perdit son entrain,
à force de mener ce tortueux train-train.
La lumière, le soleil, le goût des grands espaces,
Les herbes au gré des vents,
Les courses effrénées entres joyeux zébrés …
Tout lui manquait tellement !
Il osa revenir, pour goûter la lumière, tutoyer le soleil, et en toucher l’éclat,
Il s’y brûla les poils : voici le résultat :
Pas mieux compris par ceux qui vivaient en troupeau,
Qu’ils soient zèbres ou gnous, il acquis néanmoins,
Pour quelques marginaux, une divine aura …
« Ô, grand zèbre blanc … ô, frère du soleil,
Montre nous le chemin,
Enseigne nous tes lois, et le noir s’en ira » .
En premier lieu flatté, et content d’être alors
Rejoint par quelques siens, il se dit tout d’abord :
Amplifions la blancheur … pour leur donner le change …
Au dessus du troupeau flirtons avec les anges …
Et les coups du soleil lui montant au cerveau,
Il comprit assez vite qu’on lui ferait la peau …
Observant les oiseaux, si heureux dans le ciel,
volant de branche en branche, dans un battement d’ailes
frôlant l’astre solaire sans paraître en souffrir,
il se dit un matin : « Voilà la solution » …
et il tenta sa chance, ce qui vous fera rire :
Les conseils avisés de quelques tourterelles,
qui l’y encourageaient, – en trouvant ça « si simple »-
n’y firent pas grand-chose : Et il compris bien vite,
que le vol des moineaux n’était pas sa nature !
Faute d’ailes et de plumes, retombant sur la terre,
Perclus de courbatures, et en ayant plein le dos,
Il se dit simplement : « Ce n’était pas ma voie !»
Mais décidé encore à suivre ses élans,
malgré l’échec cuisant,
Il s’y mit tout de go …
Il apprit prestement que prendre ce passage,
Et écouter son cœur, plutôt que ses parents,
Avait beau être sage, il s’y casserait les dents :
En pays de savane, les élans sont étranges, et rarement bien vus …
Les troupeaux se méfient des bêtes inconnues !
« Tant pis, : je resterai moi-même , envers et contre tout !
Mais à défaut d’élans, vous aurez mon ego ! »
Cherchant sa peau de zèbre, qu’il avait déposée,
Il ne la trouva plus … Elle s’était envolée !
Forcé de se couvrir pour rester présentable,
Il lui fallut alors s’en procurer une autre …
De quel nouveau courant se ferait-il apôtre ?
« Assez, j’arrête maintenant, qu’ils aillent tous au diable ! »
Comme il avait compris,
Au fil de son voyage,
Que les couleurs du temps,
La spirale de la Vie,
Les rencontres du vent ..
Et puis, l’apprentissage …
… Étaient le but ultime,
La raison du voyage,
Tournant les yeux, le Cœur, enfin vers l’intérieur
Quelque chose lui dit : « Ton pouvoir est tailleur !»
Il s’inventa alors un tout nouveau costume :
Sans peur et sans souci
du « qu’en diront les gens »
Oubliant ses pudeurs, dépits et amertumes,
Il s’en vêtit lui-même, et leur montra les dents !