Dans un précédent post j’évoquais les points communs des tendances du moment dans les entreprises et organisations, et j’en dégageais un des enjeux majeurs du management (valables aussi pour la pédagogie): l’intégration des nouveaux paradigmes, au nombre d’une bonne douzaine, mais synthétisables en 3 aspects :
- Mieux comprendre les composantes de la complexité,
- Disposer de repères qui puissent faire consensus et favoriser une co-construction,
- Adopter les postures intellectuelles , relationnelles et personnelles qui en permette l’application efficace…
Je concluais en précisant que ces aspects constituaient en fait le franchissement d’un stade ultérieur de développement, tant des individus que des collectifs.
J’aimerais dans ce nouveau post me pencher un peu plus sur ces 3 aspects.
Le temps (ou le courage, ou la curiosité) de vous pencher sur l’article pré-cité vous manquant peut- être, je commence par rappeler que ces nécessaires direction d’évolution répondent à des déséquilibres dégagés de l’observation des points communs des tendances listées dans ce post.
- Déséquilibres systémiques en faveur de dimensions quantitatives, et du « IT » (« Cela » : dimensions objectives et matérielles)
- Relations non suffisamment qualitatives
- Insuffisante prise en compte des dimensions subjectives du « Nous » et du « JE »
(Pour quelques éclairages sur le « IT », le « JE », le « NOUS » , je vous renvoie à l’article « En 3D c’est mieux ! »)
Ces trois types de déséquilibres nécessitent donc, pour être régulés valablement, de nouvelles connaissances et compétences, dans les domaines de la systémique, des modes relationnels, et des dimensions subjectives. Ces compétences et connaissances, pour être acquises et appliquées dans le concret, supposent également l’intégration de nouveaux paradigmes, et c’est toute cette évolution qui constitue en fait le franchissement d’un nouveau stade de développement.
Le piège dans lequel bien des décideurs de tous niveaux tombent, (par ignorance, par insuffisante largeur de compréhension, ou par limitation à un type de paradigmes inadéquats ou par appartenance à un stade de développement antérieur), est d’élaborer des réponses à ces thématiques par des apports ou méthodes susceptibles de maintenir les mêmes erreurs : Le serpent se mord la queue et on s’installe dans des cercles vicieux de multiples niveaux imbriqués entre eux, constituant une complexité inextricable.
Pour dépasser cela, et disposer des grilles de décodage pour agir sur le niveau ajusté, il convient de faire appel à des approches permettant d’identifier ces pièges : les approches les plus pertinentes pour le faire seront évidemment celles qui se sont penché sur les points communs auxquels je fais référence.
Compréhension des pièges et élaboration de nouvelle stratégies
a : Les moyens
Pour comprendre les pièges et élaborer des stratégies de réponse plus efficaces, plutôt que « d’avancer ses pions au hasard », il est nécessaire d’adopter une méta-position, qui permette d’avoir une vision globale.
A cet effet, l’approche systémique sera incontournable, et l’approche intégrale -multifactorielle- sera un complément d’une utilité précieuse.
Il sera ensuite nécessaire de compléter la vision globale par une meilleure connaissance de la mécanique des acteurs : Or, dans toutes les chaînes causales ayant conduit aux erreurs ou excès ci-dessus, on trouve le fonctionnement des individus : il convient donc de disposer également de grilles de lecture synthétiques pour comprendre les « moteurs » des dysfonctionnements appartenant aux individus, et inclure dans les stratégies de réponse les moyens de réguler ces dysfonctionnements.
La plupart des sciences humaines disposent de nombreuses grilles de lecture et concepts : En 25 années de recherches passionnées sur le sujet , j’ai beau en avoir parcouru un certain nombre, je suis loin d’en avoir fait le tour. Leur nombre est important, et de plus leur pertinence parfois limitée au corpus théorique auquel ils appartiennent.
Mon souci étant celui de l’efficience (meilleure efficacité dans le meilleur temps possible) j’ai dégagé quelques grilles de lecture me paraissant les plus opérationnelles : Parmi elles, seront nécessaires et suffisantes à cette étape celles qui éclairent sur « le moteur », « le cheminement » et « le véhicule » : A savoir : Les dynamiques de l’Ego et leurs pièges induits ; Les étapes du développement humain ; les diverses dimensions de l’humain.
b : Les effets : Refondation d’un sens pour impulser le futur
Un effet essentiel de cette étape de « cartographie » est de re-fonder et clarifier le sens, tant pour l’action au quotidien que pour le cheminement de maturité personnelle de chacun et des groupes.
Nous vivons sans conteste un crise de sens : il n’y a plus de repères qui soient communs à tous les acteurs d’une société humaine , et de ce fait chacun se replie sur les repères de communautés d’appartenance dont il se sent le plus proche…
A noter que pour Don Beck ou Carl Graves, auteurs de la spirale dynamique, les « communautés de valeurs » font suite dans la logique du développement des systèmes sociaux et politique à l’état nation et aux Etats fédérés : sur ces bases on peut donc se demander si le communautarisme est un choix de société qui oppose anglo-saxons et français, ou une conséquence de l’évolution … Débat plus qu’intéressant , mais qui dépasse le cadre de ce post ! (Voilà qui mefait une idée d’article futur !)
Disposer d’une cartographie d’ensemble de l’humain et des systèmes humains permettra de mieux comprendre comment s’articulent les pièces du puzzle, et d’envisager différemment le sens de sa construction. (La référence ci-dessus à Beck et Graves en est une illustration). Cela diminuera la confusion devant ces multiples pièces étalées, et contribuera à remplacer le découragement né de la perte de repères par la possibilité d’orienter son cheminement personnel et son action.
Pour qu’ils restent recevables sans soulever d’opposition qui seraient liées à des valeurs, les divers outils et grilles utilisés ne donnent pas des repères liés à des valeurs ou à des croyances particulières. Ils ne donnent pas non plus lieu à expression des subjectivités (émotions, intuitions, croyances …) : Ces repères sont en « méta-position » : ils offrent une prise de distance et de hauteur sur l’ensemble des valeurs et croyances, sur les dimensions du monde, et celles de l’humain, sans jugement sur aucune.
Ces cartographies sont à même en tant que telles de contribuer à refonder un sens fort, lié aux connaissances des fonctionnements humains, individuels et systémiques, et non plus limité aux valeurs, croyances, représentations et priorités d’une communauté d’appartenance.
La vision globale qui en découle n’empêchera personne de continuer à prioriser telle ou telle valeur, croyance, connaissance , attitude, ou tel ou tel choix de vie… Mais elle pourra être la base solide d’une nouvelle façon de fonctionner ensemble, non plus dans le combat des différences, mais dans leur intégration en bonne intelligence collective. Elle pourra également être la source pour chacun d’une motivation à progresser dans les étapes qui permettront de prendre sa juste place dans ce concert.
Ces « cartes » et grilles de lecture font partie des outils que je propose dans mon activité de formateur -consultant – conférencier, et j’espère bien que quelques lecteurs curieux voudront les découvrir en faisant appel à mes services ! (Ben oui, le modèle économique de la gratuité est certes bien sympathique , mais il présente malheureusement quelques limitations auxquelles il me faut bien remédier !)