- Les résistances, blocages, violences, et aussi les décisions « saines » sont générées par les dynamiques des egos (les fonctionnements de la psyché) et non pas par les dimensions supérieures de l’humain (Pneuma :l’Esprit)… (Dont, en ce début de post, il nous faut juste imaginer l’éventuelle existence : j’y reviendrai vers la fin !)
- Dans ces dynamiques psychologiques, la partie piégée prend de plus en plus souvent le dessus sur la partie saine et équilibrée de l’ego : (Ce fonctionnement de l’ego, qu’il soit sain ou piégé, est résultat du mix entre la personnalité, certes , mais de sa rencontre avec le contexte éco-politique -technologique- social, la culture, l’évolution individuelle, les fonctionnements collectifs, …) : Ni les tenants du « chez l’humain tout est dû à la culture » , ni ceux ceux du « tout est dû à la nature » n’ont raison : réconcilions les en admettant que les deux facteurs ont leur importance, qui peut certes être variable !
- Ce mix ci-dessus n’étant pas compris dans sa complexité et ses rouages (faute d’une approche globale qui permet d’en structurer les composants et d’en repérer les interactions) les évolutions concernent le plus souvent un ou deux composants spécifiques, et les quelques tentatives d’évolution plus globales et systémiques butent sur les nœuds que je tente de nommer ici.Par chance, nous disposons aujourd’hui d’une approche qui en permet une compréhension plus cohérente et structurée : l’approche intégrale).
- Les dynamiques piégées des egos avancent masquées derrière une mise en avant de valeurs considérées comme essentielles, prioritaires , et donc « meilleures » que d’autres. (soit valeurs « d’avant », soit valeurs vues comme « pour un meilleur futur »).
- Il n’est pas compris que chaque système de valeur prend sa place dans un ensemble successif de vagues (ou niveaux) de développement, et on cherche à défendre le système dont notre culture, et notre fonctionnement psychologique , sont le plus proche, sans mesurer son positionnement dans cet ensemble évolutif … sans reconnaître la validité des avantages d’autres systèmes de priorisation. Ces vagues, concernant des modalités du fonctionnement humain, sont perceptibles autant dans l’évolution des individus que celle des groupes ou des nations.
- Un des « systèmes philosophiques », de type de vision du monde, (ou de « mème ») en vogue en occident est sur-représenté dans les médias et les secteurs culturels et éducatifs : le « pluralisme relativiste » : il séduit de ce fait une part importante de l’opinion publique car il contient en son sein des valeurs vues comme universelles et significatives de progrès vers un « mieux-être » et un « mieux vivre ensemble ». Ceci est exact, et ces valeurs sont donc essentielles… Mais là où le bât blesse , c’est qu’elles supposent, pour être réellement vécues au quotidien dans tout ce qu’elles supposent, une conscience et un niveau de développement psychologique qui permet de dépasser certaines dynamiques piégées des egos… Exemple: le concept d’égalité , initialement construit comme « égalité de droits » est devenu égalité de tous, et de tout …. Toute hiérarchie ou classification est vue comme suspecte d’anti-égalitarisme, et donc rejetée par principe.A prôner comme idéales ces valeurs, les pièges du narcissisme font parfois oublier que bien peu d’individus ont atteint le stade de développement psychologique ou vivre ces valeurs serait une évidence naturelle : l’idéal et le principe deviennent alors source des souhaits de tout diligenter et contrôler dans le sens de l’idéal à atteindre. On veut ainsi faire entrer le réel dans le moule de ses propres principes et priorités, en négligeant certaines lois du vivant : Les paradoxes se referment : le pluralisme annoncé devient au mieux la source d’une impuissance permanente à décider et trancher dans une direction donnée, et au pire un absolutisme caché derrière ses grandes et bonnes intentions …
- En refusant sous couleur d’égalité toute forme de hiérarchie ou en étant gêné aux entournures avec certaines différenciations, (cf. la théorie du genre) on passe à côté de cette réalité majeure du vivant : il existe bel et bien des stades et des niveaux inégaux de développement, et des types différents … Or , s’il peut être , à un certain stade de développement, judicieux de se passer d’une hiérarchie de domination (visant le pouvoir des uns sur les autres) , il n »en est pas moins vrai qu’il existe des hiérarchies de croissance : (de développement, ou d’acquisition) : en effet , il est évident qu’un jeune enfant n’a pas atteint le même stade de développement qu’un adolescent, qui lui-même n’a pas le même stade que l’adulte. (Et il est bien possible qu’il y ait quelques différences de niveau même entre les personnes dites adultes ! Ce qui n’empêche nullement qu’elles soient égales en droits !)
Afin de ne pas prêter le flanc aux critiques qui me suspecteraient de faire le lit du racisme, ou du sexisme, je précise que ces niveaux sont tout à fait indépendants de la couleur de peau, de la nationalité, de la religion, du sexe … - L’histoire des disciplines scientifiques a conduit à accorder moins d’importance aux aspects intérieurs (subjectifs) qu’ils soient individuels ou collectifs, ce qui a conduit à amplifier considérablement le poids des aspects objectifs –physico-matériels, technologiques, économiques, … – et les questions de technique, d’organisation et de contrôle, et économiques … Nous sommes ainsi dans une époque ou le matérialisme roi se trouve débordé par les déséquilibres que ses excès (ou les manques qu’il a créés) ont généré sur les aspects subjectifs. (fonctionnements des « Je » et des « Nous »).
- Dans le domaines des sciences et disciplines se penchant sur ces aspects, et qui auraient dû nous permettre de réguler les problèmes, il y a eu plutôt un « combat » entre courants plutôt qu’une volonté de complémentarité : chaque courant est principalement positionné sur un des 4 quadrants d’un spectre qu’il ne connaît pas, et se méfie ou ignore les travaux des courants fondés sur un autre endroit. Résultat : les tenants des valeurs logico-rationnelles, de la science « dure » , du « priorité à l’économique » ont eu beau jeu de maintenir le primat des objectifs principalement matérialistes et organisationnels qu’ils poursuivent.Pour pouvoir enrichir les apports extraordinairement bénéfiques sur les plans matériels par des aspects tenants plus aux dimensions intérieures de l’humain, il faut admettre qu’aucune discipline et aucun courant n’a totalement tort, (ni totalement raison) : simplement, les conclusions ou recherches de chaque courant méritent d’être complétées en intégrant celles provenant d’autres points de vue , issus des recherches et conclusions de ceux fondés sur un autre des 4 quadrants.
- Si l’on veut avoir une chance de contribuer à une évolution durable d’un système quel qu’il soit, plutôt que de se perdre dans les méandres de la complexité sans cesse grandissante, il est donc primordial de disposer d’une cartographie globale avant même de s’aventurer dans telle ou telle direction : en effet, cette direction est souvent liée à un seul quadrant , ou à un niveau de développement donné, ou à un type de fonctionnement de l’ego, et ne peut interagir efficacement avec les autres qu’en prenant en compte leurs réalités.
- A défaut , la rencontre entre ces différents aspects (quadrants, stades , lignes, vagues de développement, systèmes de valeurs, et fonctionnements des dynamiques des egos, …) ne peut être que conflictuelle , et amplifier les résistances , blocages, impuissances.
- Cette rencontre conflictuelle , non anticipée, mal comprise, et donc incontrôlable, donne le plus souvent lieu à un chaos dont deux composants majeurs sont : le rapport de force ou l’abandon de la lutte … D’où la multiplication des formes violentes ou dépressives, tant de la part d’individus que de groupes ou d’entités…(entreprises, états, partis politiques , etc …)
- Derrière tout ceci , il faut, en occident , mesurer la part prise par l’inflation des narcissismes de certains, qui leur permet d’occuper le territoire, à la faveur de ce qui fait leur stratégie consciente ou inconsciente : Manipulation des individus ou des médias, élimination ou affaiblissement des adversaires par tous moyens -honnêtes ou non-, parasitage économique ou énergétique qui permet de se développer au détriment de ceux qu’on parasite (contribuable, parent, conjoint, voisin, collègue, employé, employeur, … etc …)
- Tout ce qui précède est le grand jeu obligatoire de fonctionnements situés à un premier palier : nous sommes empêtrés dans les divers aspects qui le composent , d’autant plus que nous n’en comprenons pas la mécanique, très complexe, il est vrai.
- Cette complexité n’est accessible qu’en faisant l’effort d’adopter des modalités de réflexion et de fonctionnement émotionnel et énergétique qui appartiennent au second palier : acceptation de remise en question de son modèle et prise en compte d’autres modèles ; développement d’une conscience , à la fois « conscience présence » , et « conscience globale »; pensée cherchant les complémentarités plutôt que les opposition; intégration des systèmes de valeurs des niveaux de développement précédents, sans en renier aucun , et en étant capable d’utiliser les forces et atouts de chacun tout en se méfient de leurs effets pervers et piégés.
- Il est donc nécessaire que les moyens pour laisser émerger ce second palier soit mis en place : la diffusion des cartographies en est une étape incontournable. Mais comme une carte à elle seule ne permet pas la transformation , il faut également favoriser des pratiques qui facilitent cette transformation. Un certain nombre de signes semblent indiquer que cela est en train de se produire : A titre d’exemple parmi d’autres , le retour en grâce des pratiques méditatives, expurgées de leur côté croyance religieuse , en est une illustration. (Quand Google ou certains hôpitaux français se mettent à conseiller des programmes incluant la méditation , on est en droit de se dire que le monde change ! Reste qu’on pourrait sans doute aller plus loin dans l’éducation aux tenants et aboutissants de telles pratiques… mais c’est un autre sujet !)
- En effet, il existe deux types de transformation : une horizontale (en largeur) , et une verticale (en profondeur) : Une transformation horizontale est un progrès au sein d’un même niveau, ou entre niveaux du même palier… Elle est un élargissement des savoir-faire et savoir-être des aspects physico-matériels, émotionnels, et intellectuels …La transformation verticale résulte de l’ouverture à une autre dimension : seule une transformation verticale est susceptible de mener au second palier : elle suppose l’acceptation qu’il existe bel et bien des stades et des niveaux , qui se valent « en droit » et dans leur nécessité de coexister, mais qui ne se valent pas en modes de fonctionnement : (Le terroriste égorgeur peut-il être considéré comme étant de même niveau de développement psychologique que le citoyen ordinaire?).Il n’est pas certain que les pratiques méditatives d’aujourd’hui soient vues par l’ensemble de leurs pratiquants comme une possibilité de transformation verticale, ce qui fût leur vocation première : l’objectif de gestion du stress ou de relaxation n’est qu’une corde à son arc pour supporter les effets pervers du système dans lequel on évolue. Par chance, il n’est pas impossible que certaines pratiques, répétées avec discipline, ouvrent peu à peu à la perception de cette autre dimension plus profonde qui conduira à une transformation verticale.
- Le concept pluraliste relativiste de l’égalité entre tous les hommes et toutes les valeurs, toutes les opinions et toutes les cultures doit être revisité !
Il doit l’être d’autant plus que très souvent , derrière les valeurs (dites « universelles » : d’égalité, de liberté, de solidarité, de respect de valeurs humaines … ) ce sont des dynamiques piégées de l’ego liées à un stade de développement préalable qui avancent masquées. Tant que les jeux de pouvoir seront le fait de ces dynamiques là , il n’y a que peu de chances qu’on sorte de l’impasse dans laquelle nous sommes.
Pour revisiter valablement ce concept, il est nécessaire de remettre en question le modèle de l’anthropologie binaire (ou dualiste : l’homme est « corps et âme ») dans lequel nous nous trouvons depuis quelques siècles. Ce modèle a conduit à mélanger allègrement les notions d’âme et d’Esprit, (à confondre psyché et pneuma)… Cet amalgame est à la source de la victoire évidente, du moins au sein du monde occidental, du matérialisme et du narcissisme sur les autres potentialités humaines.
Il faut le dire, les anciens , les mystiques de tous temps, les philosophes et les scientifiques les plus éclairés de notre temps ont comme référence un modèle tri-partite (corps -âme -Esprit) dans lequel l’âme est la psyché dans ses modes émotionnels et intellectifs, et l’Esprit la zone possible de dimensions impalpables , mais néanmoins existantes, de l’humain.
L’emploi de ces deux mots -âme, Esprit- aura déjà fait bondir plus d’un lecteur : En sus de cette question piégée du vocabulaire employé, il y a là matière à plus ample partage, et il existe des ouvrages entiers sur ce sujet : Mais ce post est déjà bien lourd !
- Bienvenue dans le monde de la complexité : Malheureusement, les sollicitations de notre quotidien, les nécessités familiales, professionnelles, économiques, et l’importance du temps de détente et de loisir qui s’en suit (dont le désir est amplifié par le contexte ambiant et le marketing) ont plutôt tendance à refermer sur nous le piège de la paresse , qu’elle soit intellectuelle (« trop compliqué, faites plus simple ») ou énergétique (« pas le temps pour ça »). Sans compter qu’il est quand même plus confortable de rester convaincu que notre vision est la plus juste, même si on veut bien admettre qu’elle soit un peu incomplète.
- En conclusion, –pardonnez cette vision pessimiste– il est loin d’être certain que notre époque arrête sa marche inexorable vers le mur qui se dresse devant elle ! La bonne nouvelle, et le côté invitation à l’optimisme, c’est que, l’ordre naissant du chaos, les bribes d’un monde différent sont en train d’émerger ça et là … Parmi ces émergences, lesquelles sont les utopies qui resteront de doux rêves, et celles qui sont les bases du nouveau monde d’après crise ? Allez savoir …Entre l’utopie et la réalité, entre le choix du statu quo ou la perspective d’une transformation, à chacun de décider comment il veut poursuivre son chemin : Rien n’est écrit …Mais rappelons, avec Sénèque, « qu’il n’est pas de vent favorable à celui qui ne sait où il va ».