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« Temps obscurs ? Penser complexe ! »

pensee-complexeCe post est extrait d’un texte plus complet inspiré suite à un article intitulé « Penser des temps obscurs », publié dans la news-letter d’un collègue et ami (« Psy and co », Marc Lasseaux).

À la lecture de l’épithète « obscur », si l’idée d’heures sombres émerge tout d’abord, c’est ensuite  aux formes d’obscurantismes que la réflexion s’ouvre.

  » Repérer, c’est aussi situer ce qui, souvent, reste incompréhensible » : Quelles sont donc les lumières qui viendraient éclairer la pensée, pour discerner les chemins enchevêtrés des labyrinthes que notre époque propose ? Quelles cartes pourraient nous donner des repères pertinents ?

Perdus dans ces labyrinthes, faisant face aux déséquilibres qu’ils ont contribué à développer,  le politique semble plutôt faire preuve de son impuissance, le médiatique de son immaturité et de son irresponsabilité, et l’économique de sa toute puissance :  Comment s’étonner que, perte d’équilibre et de sens aidant, le militaire, l’entertainment et le religieux semblent avoir le vent en poupe : L’attaque, la fuite, ou la sublimation sont les réponses habituelles aux situations qu’on ne maitrise plus !

Ces temps agités – certains disent « chaotiques » sont – entre autres – le signe des confrontations entre tous ces registres, domaines, modes de réponse, et de l’apparente incapacité à « penser ces temps obscurs » en des termes nouveaux suffisamment éclairants :  « Obscurantisme » avez-vous dit ?

L’obscurantisme religieux, baigné de croyances vues comme irrationnelles, est sans doute le premier qui vient à l’esprit :  Mais je ne voudrais pas en négliger les autres formes : S’il paraît que le siècle des lumières a rendu à la raison son pouvoir d’éclairer les connaissances humaines, la rationalité peut, elle aussi, conduire à d’autres obscurantismes ! Politiques, économistes, médias, militants de tous bords, semblent bien réticents à « changer leur logiciel de pensée », tout convaincus qu’ils sont de la validité des fondements sur lesquels il a été établi.

De même, du côté de ceux qui sont censés être mieux éclairés, – les scientifiques – la lutte entre certains tenants exclusifs des sciences exactes contre des représentants des sciences humaines n’est pas toujours un modèle de tolérance et d’ouverture intellectuelle !

Parce que le « j’ai raison »  (et son corollaire : « l’autre a tort »)  est  un piège majeur de l’ego, il est bien difficile d’accepter d’interroger les bases de son système de représentations et la structuration de son système de valeurs, surtout si l’on considère celles-ci comme une réelle avancée vers un progrès pour « l’humanité » …

Par exemple, comment rester attentif aux arguments de ceux qui tiennent un langage nationaliste, apparemment  fermés sur les frontières de leur état et de son histoire, et donc nécessairement « vilains réactionnaires », si on se définit « citoyen  du monde »… Mais alors, peut-on admettre pour autant les avancées à peine voilées d’un mondialisme qui poursuit la chimère d’une gouvernance mondiale, à but évidemment économique, au possible détriment de spécificités culturelles ou religieuses différentes, dès lors qu’on prend conscience que les gouvernants de ce monde dit « libre » et « démocrate » sacrifient allègrement en arrière plan ces valeurs qu’ils disent défendre. (« Vous reprendrez  bien un peu de sécurité en échange de votre liberté » ?) …    Qui sont les « gentils », et qui sont « les méchants » ?

(Il y aurait dans ces questions de quoi ouvrir le chapitre d’autres obscurités : Entre « complotistes » ou  « bien-pensants » je laisse chacun éclairer ses propres lanternes quant aux plus obscurantistes de ces deux camps … !)

Parce qu’en chacun de nous s’entrechoquent et se mélangent confusément plusieurs niveaux ou paliers,  registres ou dimensions, valeurs ou intérêts, croyances ou connaissances, il est bien plus facile, et plus rapide,  d’adopter une  position clairement tranchée, issue d’un raisonnement binaire, plutôt que d’approfondir son information et d’éveiller sa conscience sur la complexité du monde, et la sienne propre.

Simplifier sa compréhension des choses a le mérite de simplifier les solutions à apporter.

Une importante marche à franchir est un passage de ce mode de pensée unique, linéaire, mono-disciplinaire, à une pensée complexe, systémique, inter, voire transdisciplinaire, intégrant nécessairement les aspects objectifs et les aspects subjectifs, ainsi que les aspects collectifs et individuels.

De l’obscurité à la sécurité :

Pour les décideurs, dirigeants et gouvernants, négliger les apports des sciences humaines et des approches cherchant à éclairer les phénomènes subjectifs,  c’est passer allègrement à côté des processus générateurs des réponses pathologiques aux difficultés objectives :  C’est se condamner à lutter contre les débordements à coup de lois sécuritaires ou privatives de liberté, et de multiplication des moyens de renseignement :  Devant la peur de l’obscurité, c’est « rassurez-vous, nous mettons des barrières et des filets de protection » au lieu d’éclairer le paysage !

Outre le fait qu’un tel arsenal met en question les fondements même de notre vision de la démocratie, et en danger les équilibres, il risque fort de s’avérer contre-productif. En effet, de telles réponses conduisent tout autant à des excès confinant à la pathologie que la croyance naïve ou irrationnelle, ou que la morale –religieuse ou profane-,  même si leurs excès respectifs ne sont pas de même type.

Ces réponses s’inscrivent dans les jeux d’action et  réaction qui voient croître d’un côté les « radicalités explosives », et de l’autre « les autoritarismes haineux » : Comment –à condition qu’on le veuille, ce qui n’est pas certain –  sortir de l’engrenage ?

De futurs posts donneront quelques pistes de réponse à cette question.  (Les plus impatients trouveront la totalité de l’article sur mon site web www.eurysthee.com)

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