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Le Mélange des Genres : Problème ou Nécessité ?

mélange des genresA l’occasion de la présentation d’un atelier « La complexité, Faut que ça swingue » proposant d’interroger en parallèle neuf pièges tendu par la complexité du swing de golf et neuf pièges tendus par la complexité de notre époque, un collègue me faisait part de sa méfiance à l’égard du « mélange des genres ».

La veille, un débat télé avait provoqué mon agacement, tant les participants démontraient, dans leurs oppositions, l’incapacité à penser, ensemble et, plus grave, en chacun, de façon coordonnée et structurée ! Le mélange non conscient de différents registres et l’incapacité à repérer les modes de priorisation de l’autre conduisant alors à une totale incompatibilité des visions, et à un débat dont rien d’autre ne peut sortir qu’un maintien de chacun sur ses positions : Une histoire qui se joue partout et tout le temps autour de nous, et qui se termine soit en constat d’impuissance, soit en recherche de domination agressive !

Alors oui, le mélange des genres et des registres conduit souvent à « faire de la soupe » : C’est sans doute pourquoi , en cette époque où tout est devenu interdépendant, interconnecté, ce mélange des registres et des genres « de fait » , n’a plus grand-chose de joyeux, étant de plus en plus un « salmigondis » sans forme et sans structure.

Il faut le constater, dans la foulée des avancées exponentielles de chacun des domaines de l’existant individuel et sociétal, rien n’a été fait pour que cet ensemble demeure cohésif (Qui tire sa force de sa cohérence intérieure) : Nous ne devons donc pas nous étonner que certains tissus se délitent …(sociaux, moraux, intellectuels …)

Les grandes évolutions vers les libertés individuelles se confrontent dorénavant aux moyens de préserver a minima la cohésion sociale : Vivre ensemble, Travailler ensemble, nous voici devant des enjeux clairement nommés, même par les médias et le pouvoir, mais au quotidien, au-delà des grands mots et des grands principes, quels moyens pratiques sont mis en place pour juguler les effets pervers de ce nouveau salmigondis ?

Les anciens moyens de régulation (pouvoir autocratique ou oligarchique, morale d’origine religieuse ou politique …) sont rejetés car vus comme passéistes, réactionnaires et liberticides, – ayant été détrônés notamment par le pouvoir de l’argent, la volonté consumériste, et la course au plaisir sous ses diverses formes. Peu importe à ceux qui brandissent les épouvantails de la liberté en danger que leur propre mode de priorisation soit, à bien y regarder, une nouvelle forme de morale, certes libertaire, dont les effets pervers – faute de responsabilisation vis-à-vis du collectif et des pièges tendus par la folie des hommes- risquent bien de générer de futures privation collective des libertés tant désirées.

Le vivre ensemble doit-il se réduire à une permanente incompréhension mutuelle, et à la loi du plus fort : en communication, en nombre de voix (majorité) , en manipulation, ou en « gueule » (ou « puissance guerrière ») ?

Le magnifique idéal de la liberté d’expression par exemple, doit-elle faire oublier que celui qui nous fait face serait potentiellement dangereux, pour nous, pour les autres, pour notre société ? Criminologue de formation initiale, psychothérapeute ensuite, j’ai appris à mes dépens qu’une parole mal interprétée par un humain « bas de plafond » ou atteint de pathologie psy ou sociale peut très vite envenimer une situation. La responsabilité de l’impact de ses paroles (et dessins) ne se résout pas en « halte à l’autocensure », mais en « attention aux conséquences de vos paroles face à un fou !« 

Ayant mesuré l’irréalisme des grands principes idéaux, et les effets pervers qu’ils génèrent, j’ai fait le choix de regarder le réel en face et d’inventer les meilleurs moyens d’y répondre de manière efficiente. Prévention plutôt que répression, accompagnement plutôt que punition, dialogue plutôt que lever de bouclier émotionnellement motivée …

Il m’apparaît que le mélange des genres est à la fois un problème et une nécessité :

L’époque a changé : la complexité ambiante est en elle-même un mélange des genres permanent et exponentiel : c’est sans doute pourquoi elle nous déborde, et pourquoi le « Vivre ensemble » et le « Travailler ensemble » sont devenus si compliqués.

Mais il faudra nous y faire, cette complexité est constitutive de notre temps, et elle est devenue incontournable : Il nous faut donc apprendre à nous y mouvoir : Cela suppose de nouveaux comportements, et ceux-ci ne pourront naître que de nouveaux repères et de nouvelles représentations, plus claires de ces joyeux mélanges, susceptibles de décoder les pièges et d’étayer l’acquisition des nouvelles compétences et postures nécessaires.

Le problème n’est pas le mélange des genres, car il est une composante de fait de notre monde moderne, mais le lien entre les divers « genres » (les différents registres et composantes) entre eux, et la structuration de l’ensemble qu’ils constituent : c’est là-dessus que butent nos sociétés, –entre communautarisme tournant en lutte de clans, et unité nationale n’en ayant que le nom ; entre équilibres sociaux et économiques ; entre protection des travailleurs et offre de travail aux sans activité … et j’en passe !

Reconstruire les liens , c’est développer les moyens qu’ils se tissent différemment, Structurer l’ensemble, c’est refonder le sens sur un socle nouveau, qui puisse fédérer et constituer un socle commun évident à tous ! Ni la morale, ni la religion, ni même la politique ne peuvent constituer ce socle commun, ni même les « trois mots en « té » devise de notre république ! Pourtant , il existe bel et bien … (Evidemment caché dans le seul endroit ou on ne pense pas à le chercher …  Voir un ancien article : « Je Hurle ! ») …   Les conditions et étapes concrètes d’une stratégie efficiente pour y  parvenir sont posées dans ma « matrice synergique », qui donne une vision claire, structurée et cohérente des niveaux et zones de l’action à mener.

Il nous faut de tels outils nouveaux car il semble évident que bien peu d’entre nous disposent en eux-mêmes des moyens de cette vision globale, structurée et structurante, qui permettrait de prendre du recul sur toute situation présente et se distancier des affects potentiellement freinants causés par volonté de défendre sa position becs et ongles. De plus, par déficit des moyens et compétences relationnelles pour maintenir des liens de complémentarité, les oppositions finissent par avoir raison des bonnes volontés, et nous en arrivons aux constats des difficultés auxquelles nous avons à faire face.

En quelques paragraphes, que se passe-t’il ?

Que ce soit en nous-mêmes, entre nous, et aux niveaux collectifs, trois principaux systèmes de priorisation de valeurs s’affrontent, le plus souvent inconsciemment, et sans prise de recul sur leurs intérêts et avantages respectifs : dans leur logique d’opposition, la lutte met en avant les inconvénients des autres systèmes que celui qui est le nôtre, sans bien mesurer les effets pervers, car les « grands principes » de notre vision sont le phare qui éclaire le monde « idéal » souhaité .

Chacun s’arc-boutant sur son grand principe fondateur, c’est la réalité du terrain qui finit par être mise à mal, car pas observée et prise en compte dans ses modes de fonctionnement, ses incontournables lois de la nature. (et celles de la nature humaine ne sont pas les moins problématiques!).

Nous connaissons alors une régression vers trois autres systèmes antérieurs de priorisations  valeurs, aux contours sociaux nettement moins définis.

L’approche intégrale, nous a apporté les moyens de comprendre comment sont structurés ces systèmes , autre forme de «genres qui se mélangent », de repérer les impossibilités de « bon équilibre entre eux » qui découlent des effets pervers de chacun d’entre eux, et d’entrevoir la nécessité de les rendre complémentaires.

Cette complémentarité, cet équilibre nouveau, supposent un saut de palier, une évolution culturelle considérable à laquelle les cerveaux ne sont préparés ni par l’école, ni par l’université, ni par les médias … C’est ce qui explique les phénomènes pour partie régressifs auxquels nous assistons, et les débats agaçants dont je me faisais l’écho ci-dessus.

Le passage au second palier supposera nécessairement une vision systémique, holistique, une prise en compte des différents genres, et de leurs interactions.

Alors oui, le mélange des genres est dangereux et inefficace tant qu’on n’a pas acquis les moyens d’en juguler les effets pervers et les dangers : une conscience éveillée, un ego régulé, un intellect structuré et structurant, une « cartographie » globale claire et cohérente des divers « genres » , registres, niveaux, et de leurs interactions…

Tout ceci non pas au service d’un principe moral, quel qu’il soit, mais pour comprendre le jeu des parties qui constituent le « Tout » de la situation, et pouvoir mettre en œuvre les moyens d’actions de pilotage et d’animation (donner une âme) créatrices de consensus (gagnant –gagnant) , et non de compromis, (perdant-perdant) , voire , le plus souvent, d’échec !

Les fonctionnements humains, individuels et collectifs étant, par nature , un mélange des genres (lignes de développement, types d’énergies génératrices des comportements : les différents neurotransmetteurs , et leur équilibre en chacun) , et l’histoire du monde ayant amené l’espèce humaine à un stade où elle a à se confronter à cette diversité (en interne, et en externe) le mélange des genres et l’interaction des registres est de toutes façons une réalité inévitable et incontournable .

Le « co » nous offre des défis qu’il nous faut relever de toute urgence : intelligence collective, co-working ; coopération et collaboration sont des moyens collectifs du lien externe, pour co-créer un « mélange des genres » efficient. La cohésivité de chaque individu et de chaque organisation est le moyen interne nécessaire pour parvenir à dépasser les pièges tendus par les fonctionnements installés qui finissent souvent par « plomber » les tentatives de « co ».

Mon choix est d’essayer de donner les moyens de déjouer les pièges de ces fonctionnements, par une cartographie plus claire et structurée, par un développement des instruments nécessaires (conscience, pilotage des énergies) , par les outils opérationnels de régulation des dynamiques piégées des egos, et par des apports de compétences d’animation, de management (de soi même et de ceux dont nous avons pour fonction de faire avancer : enfants, collaborateurs …)

Voilà pourquoi tout apprentissage « in vivo » d’un mélange des genres est une évolution nécessaire et utile, à nos cerveaux, à nos sociétés !

Voilà pourquoi je ne rechigne pas à mélanger les genres dans certaines de mes animations, interventions, conférences : Ma ligne directrice est toujours de permettre à chaque saveur de garder ses caractéristiques propres au sein d’un collectif équilibré, de déconfusionner ce qui pourrait constituer une « soupe » immonde.

Et voilà pourquoi, ces sujets étant particulièrement retors et « intellectuellement lourds » je préfère tenter de passer par des moyens pédagogiques plus agréables : Mélanger swing de golf et approche de la complexité en est une parfaite illustration.

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